« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et
de la terre , de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents,
et de ce que tu les as révélées aux enfants. » (Luc 10.21) – c’est par cette
épigraphe que l’on peut résumer cette personnalité exceptionnelle, qui a été
choisie par le Sauveur, dans le siècle marqué par le développement brusque de
la civilisation et par les succès énormes de la science et de la technique, à
l’époque de la désintégration de l’atome et des expéditions sur la lune, mais aussi
dans ce siècle de guerres et de persécutions des disciples du Christ, pour
donner, par l’intermédiaire de cette personne simple et illettrée, un signal
fort : « Où vas-tu, homme? Qu’est-ce
que tu as fait de cette humilité qui est la clef du Royaume du Ciel ? »
Dans l’histoire de l’Eglise il
y a eu beaucoup de grands saints béatifiés, canonisés et d’autres dont les
prénoms ne sont connus que par Dieu. Seuls quelques uns parmi eux ont reçu des
grâces exceptionnelles sous forme de stigmates. Il y a eu peu de personnes qui,
dans leurs vies ordinaires, étaient accompagnées d’une façon naturelle par des
signes extraordinaires comme les extases, les lévitations, les visions, les
bilocations (capacité d’être dans deux endroits différents en même temps), la
glossolalie (le don de parler des langues qu’on ne connaissait pas avant). Avoir
de tels charismes ne préjuge pas encore de la sainteté, mais la marque le plus
souvent. Car il est vrai que dans la vie de beaucoup de saints il n’y a pas eu
de phénomènes miraculeux ou extraordinaires. Un miracle ne préjuge pas toujours
de la sainteté, mais les miracles accompagnent souvent les gens choisis
particulièrement par Dieu. Catherine Szymon était une des âmes choisies et
particulièrement aimées par Jésus.
L’unification mystique de la
créature de Dieu avec son Créateur, son Seigneur, son Maître, son Roi donne
d’habitude des fruits sous la forme de telles grâces que l’homme n’est pas capable
d’en percevoir et d’en comprendre la totalité.
Catherine Szymon était une stigmatisée polonaise.
Elle a vécu de 1907 à 1986. Beaucoup de témoignages rapportés, en plus de ceux
qui arrivent encore, prouvent que Katarzynka (Petite Catherine), comme
on l’appelait, a atteint une communion profonde avec Dieu sur la terre. Elle a
grandi dans les vertus, dans l’héroïsme et elle a laissé une riche moisson de
gens convertis et guéris dans leurs âmes et dans leurs corps. Elle était un instrument
obéissant du Christ qui, par elle, faisait des signes et des miracles de la
Grâce. Elle priait pour toute l’Eglise, pour les papes, les évêques, les
prêtres et surtout pour le Saint Père Jean-Paul II, qu’elle a aimé. Le Saint
Père lui a rendu la même affection dans la cathédrale où il l’a serrée
cordialement dans ses bras en lui donnant un chapelet. Il a dit à l’évêque
Bednorz qui l’accompagnait : « s’il vous plaît, occupez-vous de cette
personne ».
Catherine était une offrande choisie par le Christ dans
cette époque difficile de la crise de la foi et de la morale.
Les événements familiaux durs qu’elle avait vécus déjà
dans son enfance ont laissé une profonde trace dans son âme. Ils ont montré en
même temps quelque chose que l’on peut qualifier d’une sagesse étonnante et d’un
héroïsme de l’enfance. Ce qui en témoigne, c’est son comportement dans les
situations extrêmes : quand à l’âge de dix ans, chassée de la maison par
son père alcoolique, pieds nus en hiver, elle s’arrête sous la croix sur le
chemin et elle demande au Sauveur la conversion de son père. A quel point son abnégation
devait être héroïque pour pardonner en ce moment si difficile, et demander
pardon ? Comme ils sont grands les fruits du Saint Esprit qui agissait dans son
âme, mais pourtant, ce n’étaient pas les premiers.
Katarzynka est une de ces personnes qui sont venues au
monde pour aider les gens en portant en elles la souffrance cumulée du Christ
lui-même, et dont la vie s’écoulait à recevoir des gens venant leur demander de
l’aide telle qu’une guérison, un conseil, une parole simple et mystérieuse qui redonne
de l’espoir. Nous allons chez elles avec un grand espoir et tout de suite nous
les appelons par leurs prénoms. La femme est à la maison. Nous
frappons. Nous entrons. Elle est là. Elle nous
attend. Telle était cette femme que l’on ne pouvait pas appeler autrement que Katarzynka.
Mais
pour la décrire plus précisément, il faut s’élever plus haut, beaucoup plus
haut. Katarzynka était une mystique, une mystique de la première grandeur, même
si elle était simple et illettrée. C’est un mystère du choix de Dieu qui élève
les petits et qui s’oppose aux puissants. Les mystiques sont comme des étoiles
qui se différencient par leur grandeur. J’utilise le mot mystique dans son sens
technique. Le mysticisme est un contact direct avec la Réalité transcendante. Un
mystique a l’impression qu’il ne possède pas moins mais plus de savoir et de
lumière, et qu’il communique avec l’Etre infini. Ce que Beethoven disait de la
musique, qu’elle était un degré supérieur de la sagesse, le mystique pourrait l’adapter
par rapport à ses états. Parmi ces états, le plus extraordinaire est une extase
dans laquelle les liens avec le monde sont cassés. Il existe encore beaucoup
d’autres états que les docteurs de toutes les grandes religions ont distingués
et catalogués. Katarzynka a connu probablement tous ces états mystiques. Elle
était une stigmatisée et les stigmatisés sont des perles dans le ciel de la
sainteté. Ils appartiennent à la catégorie de ces saints, dont les corps reflètent
le plus clairement les traces visibles des souffrances du Christ lui-même, au
travers desquels Il souffre de la façon la plus profonde, et eux-mêmes
participent à la continuation de l’œuvre de rédemption de l’humanité.
La Pologne
a beaucoup de saints, mais les stigmatisés, on n’en entend pas parler.
Catherine Szymon surnommée
par beaucoup "Katarzynka" (Petite Catherine) est née le 21 octobre
1907 à Studzienice, près de Pszczyna.
Elle avait moins de deux ans
quand sa mère est décédée, laissant six orphelins.
Son père, ouvrier forestier,
s’est bientôt remarié.
Pour Catherine, sa seconde mère était
seulement une marâtre qui, sans se préoccuper d’elle lui faisait faire tous les
travaux à la maison et à la ferme.
Malgré son enfance difficile,
Catherine a appris à prier et profitait de tout moment libre pour prier,
notamment pour demander la conversion de son père qui souvent arrivait ivre à
la maison et frappait ses enfants.
Avec le temps, ses prières ont
été exaucées, son père s’est converti et juste avant sa mort il a même adhéré
au Troisième Ordre de Saint François.
Catherine Szymon a passé
toute sa vie en Silésie, région où les mineurs travaillent dur depuis toujours
pour extraire le charbon.
Ceux qui y habitent et y
travaillent sont connus pour leur grande ferveur religieuse, très bien
illustrée par le vieux proverbe polonais: "Sans Dieu, ne franchis pas mon
seuil"
Beaucoup d'entre eux ont
entendu parler de Katarzynka. Seuls quelques uns l’ont connue personnellement.
Catherine Szymon n’avait pas
de maison. Elle logeait toujours chez des gens bons et généreux. C'est à
Pszczyna où elle a vécu le plus longtemps, depuis 1946.
Ensuite elle a passé les
dernières années de sa vie chez Marta Godziek à Katowice – Kostuchna.
« Catherine habitait
ici dans cette maison depuis 1981, mais elle y venait déjà avant. Beaucoup de
gens venaient ici: médecins, prêtres, enseignants, séminaristes, religieuses.
Ils venaient tous dans cette maison. Elle leur accordait toute son aide possible
et leur conseillait comment vivre et souffrir.
Turza – village en Silésie
où se trouve un célèbre sanctuaire de la Vierge Marie de Fatima.
Catherine et son chauffeur y
venaient tous les 13 et les 29 du mois, pour participer avec les pèlerins aux
veillées de prières nocturnes.
Pendant ces nuits de
pénitence notre Seigneur Jésus est porté dans le Saint Sacrément en procession
solennelle.
Les pèlerins, avec leurs
bougies à la main, suivent Celui qui, par l’amour pour l’homme, est devenu la
nourriture pour la vie éternelle.